© Mamadou Gomis
Français
Janvier 2012, le Sénégal connaît une période de grands troubles. En effet, ces événements viennent bouleverser l’équilibre politique et le caractère pacifique de la société sénégalaise.
De 2004 à 2012, Mamadou Gomis a réalisé une série de photographies représentant les forces de l’ordre, en exercice. Plongés dans cette atmosphère, parfois conflictuelle, ces agents de l’autorité chargés de faire régner l’ordre public et de faire appliquer la loi semblent telles des statues, figées, l’espace d’un instant.
L’uniforme, impersonnel, devient une sculpture symbolique sous l’objectif de Mamadou Gomis. A travers ses photographies, nous assistons à une déshumanisation poétique du corps institutionnel, en une masse homogène. La déconstruction du corps singulier du représentant de l’ordre conduit à la construction d’un seul et même ensemble représentant l’autorité : cette dualité est habilement mis en image.
Avec Gardes, à Vous ! Gomis rend compte d’une certaine réalité. Quelle est la limite entre la photographie d’art et le travail photographique de journaliste ? En quoi ses photographies relèvent-elles plus de la photographie d’art que du photo-reportage ?
Certes, ces photographies peuvent illustrer un article sur les événements de 2012 qu’a connu la société sénégalaise, mais leur caractère subjectif les repousse sur le terrain fertile de l’art.
L’abstraction des images respecte l’anonymat des sujets photographiés, qui ne sont qu’objets dans le processus de réalisation : la technique au service de la création.
Le noir et blanc profond et justifié, retranscrit le caractère historique et pesant des situations. Ce choix esthétique rend le pouvoir à ces représentants de l’ordre alors qu’ils semblent atones, sur le plan photographique.
En positionnant sa démarche du côté de l’autorité, le photographe efface toute trace de neutralité : le parti pris est clair. L’isolement des scènes photographiées nous pousse à certaines interrogations : où se trouve la foule manifestante et délinquante, le peuple, la société ? Cette absence du « deuxième camps », ce vide dans l’espace photographique vient illustrer le parti pris. Son approche nous propose une nouvelle vision sur les conflits. Il déconstruit les idées préconçues et répartit équitablement le degré de risques entre les « deux camps ».
Son travail constitue une trace, un témoignage et s’inscrit de toute évidence dans l’histoire du Sénégal, pour sauter simultanément dans la sphère de l’art.
Avec Gardes, à Vous ! , Mamadou Gomis donne la parole aux représentants de l’ordre, à un instant « T » où ils sont sans voix…
© Mamadou Gomis
© Mamadou Gomis
English
January 2012, Senegal knows a period of big troubles. Indeed, these events come to upset the political balance and the peaceful feature of the senegalese society.
From 2004 to 2012, Mamadou Gomis realised a series of photographs showing the forces in exercise. Immersed in the atmosphere, sometimes conflicting, these enforcement officers responsible for ensuring law and order, and enforce the law seem like statues, frozen, in time.
The uniform, impersonal, becomes a symbolic sculpture under Mamadou Gomis’camera lens. Through his photographs, we assist to a poetic dehumanization of the institutional body, in a homogeneous mass. Deconstruction of the singular body representative of the Order leads to the construction of a single set representing the authority: this duality is cleverly imaged.
With Gardes, à Vous ! Gomis reflects a certain reality. What is the boundary between art photography and the photographic work of a journalist? How his photographs are they more art photography as photojournalism?
Certainly, these photographs may illustrate an article on the events of January 2012 has experienced the Senegalese society, but their subjective nature repels on the fertile ground of Art.
The abstraction of the images respects the anonymity of the subjects photographed, who are only objects in the process of production: the technique is in the service of creation.
Black and white deep and justified, transcribed the historic and heavy character of the situation. This aesthetic choice restores a lost power to this representants of authority while they seem sluggish on the photographic plane.
Positioning his approach towards authority, the photographer removes all traces of neutrality: the bias is clear.
The isolation of the photographed scenes leads us to some questions : where are the protester and delinquent crowd, the people, the society? This absence of the « second camp », this vacuum in the photographic space serves to illustrate the bias. His approach gives us a new vision on the conflicts. He deconstructs preconceived ideas and equitably allocates the degree of risk between the « two camps ».
His work is a trace, a testimony and enrolls obviously in the history of Senegal, to jump simultaneously in the sphere of art.
With Gardes, à Vous !, Mamadou Gomis gives voice to law enforcement officials, at a time « T » where they are speachless…
© Virginie Echene
En + :