Vue de l’exposition Robert Mapplethorpe Courtesy Galeries Nationales – Grand Palais
Jusqu’au 13 juillet 2014, une exposition rétrospective de l’oeuvre du photographe américain Robert Mapplethorpe se tient dans une des Galeries Nationales du Grand Palais.
Célèbre pour ses Polaroid et ses photographies de nus, Mapplethorpe aborde le corps humain comme une nature morte des temps modernes, renforçant les lignes corporelles à travers l’utilisation du noir et blanc. Compagnon de la chanteuse Patti Smith, leur complicité ponctue son art à travers une pléthore de portraits.
Déjouant les codes esthétiques, le photographe s’appuie sur une modernité hors paire pour offrir au public ses interventions artistiques instrumentales sur des objets floraux.
Vue de l’exposition Robert Mapplethorpe Courtesy Galeries Nationales – Grand Palais
Le corps noir re-vu par Robert Mapplethorpe
Cependant, le travail de Robert Mapplethorpe a fait l’objet d’une certaine contestation artistique. L’artiste américain Glenn Ligon s’interroge sur la grande présence de modèles masculins noirs et par rapport à son initiative d’ouvrage « The Black Book », en 1986. Il effectue sa démarche sous le titre de “Notes on the Margin’s of the ‘Black Book’” (1991-1993).
Vue de l’exposition Robert Mapplethorpe Courtesy Galeries Nationales – Grand Palais
Vue de l’exposition Robert Mapplethorpe Courtesy Galeries Nationales – Grand Palais
Vue de l’exposition Robert Mapplethorpe Courtesy Galeries Nationales – Grand Palais
“Notes on the Margin’s of the ‘Black Book’” est une proposition des plus expérimentales qui établit un étroit dialogue entre les photographies de Robert Mapplethorpe, tirées du Black Book et des écrits d’intellectuels et de journalistes, ayant réagi à ce sujet.
Plongés au coeur d’un débat socio-esthético-artistique, ces clichés en noir et blanc – toujours – relèvent dans le temps d’une prise de position politique à travers les prismes de la photographie et de l’art contemporain.
Jonglant habilement avec une dichotomie esthétique, Mapplethorpe nous livre un corps noir masculin magnifié et nu de tous préjugés et clichés historiques et de tous complexes. Le corps de l’homme noir malmené et brutalisé dans une Amérique esclavagiste et ségrégationniste, renaît sous l’objectif du photographe new-yorkais, oscillant entre désir, érotisme et un art politisé, dans les années 1980.
En +:
Texte © et photos Virginie Echene
« The Black Book »est aussi une anthologies des écrivains noirs éditée par Toni Morrison en 1973, il me semble. Est-ce lié?
Vu qu’une dizaine d’années séparent les deux projets, je pense qu’il y a un lien mais la vraie question est de savoir si Robert Mapplethorpe revendique cette corrélation et là je n’ai pas la réponse.. ;)
Merci de la question en tout cas!
[…] Robert Mapplethorpe a produit toute une série de nus masculins exclusivement noirs. Il magnifie un corps qui a été la cible de traitements inhumains durant l’esclavage, les mouvements pour les droits civiques et les actes de violences. Accusé de sur-exploitation et de racisme, Mapplethorpe érigera ses corposculptures noires postmodernistes dans l’histoire de la photographie de la fin du 20ème siècle. […]