Du 13 novembre au 5 décembre 2014, Le Tarmac présente En quoi faisons nous compagnie avec le Menhir dans les Landes, une création théâtrale de Marielle Pinsard.
Du Burkina Faso à l’Afrique du Sud, en passant par le Bénin et le Mozambique, l’auteure et metteure en scène sillonne le continent afin de confronter un premier projet autour de la thématique de « l’Homme et de la bête », initié avec une équipe de comédiens suisses.
S’esquisse et se définit alors le projet En quoi faisons nous compagnie avec le Menhir dans les Landes.
Crédits Photo :© Laurence Leblanc / VU
Le spectacle s’ouvre sur le speech d’une princesse hystérico-hypersensible et déroutée. Ce vertige oral est accentué par la rythmique sonore des gouttes d’eau qui tombent : suspens alarmant, étrangeté, est-ce un homme nu allongé tel une sirène à l’envers du décor? Puis quel est le rapport avec le Menhir dans les Landes ?
Crédits Photo : © Mario Del Curto
Que la parole soit !
Les mots viennent rassurer et faire naître une connivence entre les comédiens et le public, au même titre que la musique et les symboles universels utilisés.
Nous assistons à un métissage de valeurs dans un monde globalisé qui tourne à 100 à l’heure. La juxtaposition de tableaux surréalistes permet une narration décalée forte de syncrétismes contemporains. Dans cet espace temps hétéroclite, le traditionnel affronte la modernité pour bousculer les codes et les idées reçues.
Les emprunts à la culture Pop à travers les symboles du Mickey ou encore du sexe masculin, connectent la pièce à la réalité, dans une dimension poétique, frontale et décomplexée.
Dans ce concert burlesque de croyances revisitées, le Petit Chaperon rouge devient un être hybride mi-loup mi-humain, à la fois victime et bourreau, et la Vierge Marie a des allures de caissière de supermarché, nous rendant compte de la fréquence de certains termes utilisés dans la Bible.
Crédits Photo : © Mario Del Curto
Crédits Photo : © Mario Del Curto
Entre références bibliques, et mythes contemporains, la narration autour de ces images questionne la notion de l’altérité.
Le manque de dialogue est justifié par la mise en évidence des idées reçus et stéréotypes, tout comme la nudité qui fait sens, en écho à la place du culte du corps dans nos sociétés, et à ses significations : le corps dans la religion, la perception du corps comme symbole, comme surface de réflexion du traditionnel, comme entité sociale…
Belle est seule sur scène et récite une histoire à toute vitesse comme pour s’exorciser du fantôme de la Bête, qui court et galope à l’abri du regard des spectateurs, mais anime chacun des comédiens.
Entre mystère et mysticisme religieux, la pièce de Marielle Pinsard s’érige tel un menhir dans le paysage de notre inconscient collectif.
**Née en 1968, Marielle Pinsard fait ses classes de comédienne à l’Ecole d’Art Dramatique de Lausanne de 1989 à 1992. Elle complète sa formation à Berlin et Dessau puis joue sous la direction de plusieurs metteurs en scène suisses.
Un grand merci à David Sultan et à l’ensemble de l’équipe du Tarmac.
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