Voici ma 3ème contribution pour le blog d’Intensive Art Magazine, Enjoy!
Barthélémy Toguo, Devil heads XIX, 2011, Encre sur papier (38 x 28 cm)
IAM Magazine : Barthélémy Toguo, selon le dernier rapport Artprice sur le marché de l’art contemporain, vous êtes reconnu comme l’un des «artistes d’origine africaine les mieux représentés sur la scène internationale » (1). Quel bilan faites-vous de votre parcours artistique et de vos réalisations, à ce stade de votre carrière?
Barthélémy Toguo : Si je dois faire un bilan personnel par rapport à mon parcours, je peux dire que la place que j’occupe aujourd’hui sur le marché de l’art contemporain est la place que je mérite. Le chemin n’a pas été facile, mais il m’a fallu faire preuve de beaucoup d’abnégations et de persévérance pour résister. Entre le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la France et l’Allemagne, j’ai suivi différentes formations, qui m’ont permis d’acquérir des savoirs essentiels afin de m’approprier les codes de l’art contemporain, et de parvenir à élaborer une démarche artistique personnelle qui, progressivement s’est diversifiée. Je ne suis qu’au début de ma vie d’artiste. C’est un métier que je veux continuer : il y a toujours de nouvelles idées qui accompagnent les anciennes. L’œuvre Head Above Water me conduit à donner la parole à des personnes qui vivant dans des zones de tensions, partagent leurs conditions de vie, leurs souffrances et leurs rêves. Pour la pièce What’s Your Name, je mène à travers des portraits individuels anonymes une étude psychologique de la population urbaine, qui éprouve des sentiments universels comme la solitude, le bonheur ou encore la violence. Il y a des projets que je continue et d’autres qui vont très certainement voir le jour.
Parallèlement à mon travail d’artiste, j’ai pu développer la création d’un centre et musée d’art contemporain : Bandjoun Station, qui est associé à un projet agricole. Ce projet est né du constat selon lequel les œuvres d’art classiques africaines pillées au fil du temps par les explorateurs, missionnaires et colonisateurs, se trouvent en Occident. Sans politiques culturelles nationales, les œuvres d’artistes contemporains africains sont aujourd’hui acquises par des collectionneurs étrangers. Ce qui provoque une double perte.
Il était urgent de créer Bandjoun Station et de constituer une collection à partir d’échanges avec mes confrères artistes, collectionneurs et galeristes, tout en évitant une ghettoïsation « ethnique » et en privilégiant une ouverture sur le monde actuel. Outre le volet artistique, le volet agricole de Bandjoun Station est capital. Dans un souci de produire des aliments sains (choux, maïs, haricots blanc, maniocs, bananes..) et de critiquer la nature des échanges commerciaux, nous fixons nous-mêmes le prix du café produit à Bandjoun Station, dans une logique d’autosuffisance alimentaire entre l’Occident et l’Afrique. Ainsi, lors de grands événements et/ou de vernissages, de considérables banquets sont organisés : ce sont des centaines de personnes qui peuvent s’y restaurer. Il s’agit d’un de mes plus grands projets et qui je l’espère va s’inscrire et trouver sa place dans le paysage social camerounais, à l’échelle du continent africain et sur la scène internationale.
Lire la suite ICI
En + sur african links:
[…] Barthélémy Toguo donne le la à Bandjoun […]