Du 13 au 15 février dernier, le Carreau du Temple présentait l’événement AFRICAPARIS.
Des créateurs qui célèbrent la beauté noire, une table ronde réunissant des théoriciens et chercheurs sur la thématique de la « Représentation du noir », une conférence de Juliette Smeralda sur « l’estime de soi »… Tout était réuni, le temps d’un week-end pour faire battre depuis le centre le Carreau du Temple, le cœur africain de Paris.
Pour cet article en deux parties, je reviens sur Afropéennes, une pièce de théâtre qui m’a secouée au plus profond de l’âme. À cette occasion, Eva Doumbia, l’invitée spéciale du Carreau du Temple, a accepté de répondre aux questions d’african links.
Afropé-Quoi ??
Une afropéenne c’est une européenne qui est aussi africaine. C’est aussi simple que ça ! – Eva Doumbia
La pièce Afropéennes s’appuie en partie sur le roman Blues pour Elise de Léonora Miano.
Ces Bigger than life constituent un quatuor féminin plein d’entrain, qui savoure la vie parisienne, mais qui s’interroge à travers leurs histoires respectives et leur condition de femme noire dans la société française.
Se définir en tant que française, se sentir noire, liée à une Afrique méconnue ou inconnue ?…
Le système scolaire français semble avoir oublié le continent africain dans ses programmes d’histoire, bien que les remix de la Marseillaise d’Afropéennes ponctuent différentes interrogations identitaires.
La scénographie est ultra dynamique, ce qui laisse peu d’espace au spectateur pour décrocher et/ou de s’endormir: chants, danses suaves, références historico-culturelles à Joséphine Bakker et Grace Jones, deux divas africaines-américaines, tombées amoureuses de la France, ou encore à la Vénus Hottentote, qui elle y fut amenée et exhibée contre son gré.
Ainsi, est accolée à la femme noire de France une étiquette exotique pérenne, qui subsiste au temps et aux époques. De l’exhibition sauvage d’un corps noir féminin à la représentation d’une beauté féline, en passant par la mythique ceinture de bananes, ces jeunes femmes « afropéennes », dialoguent avec les idées reçues et autres stéréotypes qui phagocytent leurs identités réelles.
Akasha, Shale, Malaïka et Amahoro représentent une diversité dans la représentation de la femme noire et sa beauté qui est plurielle.
C’est l’image d’une Afrique lointaine, romancée et mystifiée que dépeignent ces Amazones du 21ème siècle. La tradition avec la voix de la Mama et de la modernité les Bigger than life, s’entrechoquent, se heurtent pour enfin de compte faire émerger une question existentielle : être noire ou française ? Mais que veut dire être une femme noire dans la société française aujourd’hui ?
Dénonciations du sexisme plus précisément de l’intersectionnalité, tensions sociales et histoires de cœur, sexualité de la femme noire, rapports hommes-femmes noirs/ couples mixtes… toutes ces thématiques signent une redéfinition contemporaine du corps social de la femme noire en France.
Sont évoquées également les divisions intercommunautaires, comme par exemple la rupture entre les communautés africaine et antillaise, à travers ces trajectoires personnelles.
Afropéennes est une peinture en mouvement, qui brosse avec amertume et humour, les réalités que vivent les femmes noires dans les sociétés européennes, de nos jours.
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