Conseil biblio: Le Malheur de vivre

Je vous la présentais déjà ICI  pour le portrait afro #8 d’african links.

Je la surnomme la «  nouvelle Mariama Bâ », tant ses écrits reflètent une réalité âpre avec un style novateur : elle utilise la fiction, pour mieux brouiller les pistes et jouir de plus de liberté. Espoir de la littérature africaine, elle apporte un souffle nouveau avec une vision propre aux mutations culturelles et sociales qui bousculent les traditions africaines, plus précisément la tradition Peulh dans son roman, à laquelle elle fait référence. 

Ndeye-Fatou-Kane  Source de l’image : web

C’est comme un film que l’on joue et rejoue, encore et encore dans son esprit… Le Malheur de vivre m’a piquée à vif comme une vipère blesse sa proie d’une morsure nette et rapide.

Nous nous reconnaissons toutes un peu en Sakina, le personnage principal. Elle croit désespérément en l’amour, fait tout son possible pour le rendre réel, contre l’avis de tout le monde. Elle aspire également à des voeux secrets d’indépendance, entre rébellion et attachement aux coutumes.  Le malheur de vivre ne pourrait-il se réduire qu’au dicton « l’amour rend aveugle »?

Diderot écrivait que  » l’amour enlevait l’esprit à ceux qui en avait, et en donnait à ceux qui n’en avait pas. » Est- ce, ce qui est arrivé à Sakina?Pourquoi a-t-elle gâché sa jeunesse ? Son avenir ? Sa vie ?

« Faire confiance à un homme ; les hommes hein, tchrrrr » gronderait ma Mère! Faut il toujours écouter ses parents lorsqu’il s’interposent dans nos choix amoureux? Je me suis toujours dit que j’écouterai ma mère peu importe les pulsions de mon cœur, car les mères ont ce je-ne-sais-quoi prémonitoire, en ce qui concerne l’avenir amoureux de leurs filles.

Conflit entre tradition et modernité, dissonance entre émancipation et rêves d’amour qui s’édulcorent peu à peu : l’auteure utilise volontairement la fiction et place son histoire dans les années 1980 pour mieux faire subir cet éloignement avec l’être aimé, dont les échos de la déchirure deviennent des bruits sourds dans la vie que lui rêvent ses parents, à Sakina.

Pas de smartphones, pas de Facebook, Skype ou encore de Viber pour atténuer l’absence ou voir la réalité en face. Sakina aurait peut-être réalisé toute seule les travers de son bien aimé avant de supplier ou plutôt d’imposer sa volonté à ses parents?

La vérité saute aux yeux du lecteur qui est prévenu à la fin de chaque chapitre par Ndeye Fatou Kane. Un drame arrivera : mais lequel ?

Le Malheur de vivre a fait de moi sa proie, et je reste là, sans mot, sans voix vipère au poing*, à m’interroger, à refaire le scénario de la vie de Sakina. Pourquoi gâcher sa vie, au nom de l’amour ?

En +:

Le Malheur de Vivre est édité aux Editions de l’Harmatan. ; et vous pouvez vous le procurer en ligne ICI.

* cf Vipère au poing d’Hervé Bazin.

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