Je fais mon cinéma # 3

Deux films ont marqué mon été; après un passage prémonitoire du film Lara Croft: Tomb Raider (2001) sur les effets de la maladie d’ebola.. Mais je n’ai pas jugé nécessaire de développer davantage sur le blockbuster de Simon West.

Devine qui vient dîner ce soir (Guess Who’s Coming to Dinner – 1967) de Stanley Kramer.

La petite histoire :

De retour à San Francisco après un séjour à Hawaï, Joey (Sidney Poitier) est toute surexcitée à l’idée de présenter son fiancé à ses parents. Elle décide l’invite à dîner, le soir même. Cependant, il y a un détail de taille autour duquel se suspend toute l’intrigue du film : le docteur John Wade Prentice est… noir.

51e2rudcr3L Des films plus récents sur les couples inter-raciaux comme Save the Last Dance (Thomas Carter, 2001), Brooklyn Babylon (Marc Levin 2004), ou – en France – Rengaine (Rachid Djaïdani, 2012) sont les parfaites illustrations qu’il y a encore un problème malgré le succès de la marque Benetton…

Devine qui vient dîner ce soir pose la question des couples mixtes dans le contexte social particulier, de « l’après » mouvements des droits civiques aux Etats-Unis.

Un homme noir et une femme blanche. La différence d’âge entre les deux amoureux semble être plus que secondaire après la question de la couleur.

Conçu comme une pièce de théâtre, les scènes en extérieur apportent des souffles nécessaires à une atmosphère plus que pesante et embarrassante. Or, elles interviennent comme des éléments charniers qui nous renseignent sur l ‘évolution des mentalités de l’époque, surtout cette scène où un jeune noir insulte le père de Joey après un accrochage en voiture. Le vieil homme préfère lui rembourser les frais de l’accident sous une pluie d’insultes, plutôt que de faire appel à la police pour « punir » le jeune homme qui finira par être applaudi par les passants pour son insolence… Les mentalités changent-elles au point d’accepter des couples mixtes ?

Le personnage de Tillie, la domestique est assez intéressant. Il constitue une entrave indirecte après celle des parents de Joey et de John : du fait de sa condition sociale, elle se sent contrariée et se montre limite virulente face au docteur.

Qui a le moins conscience de sa condition liée à sa couleur : le docteur John Prentice qui ayant accès à un autre rang social ose envisager un avenir amoureux avec une jeune femme blanche? Ou Tillie, domestique dans un foyer blanc qui voue un sentiment de protection hors pair à Joey comme si elle était sa fille, incriminant l’innocent John d’arriviste ?…

Racisme, condition sociale, couleur de peau, mentalité, regard des autres, enjeux politico-sociaux… Tous les éléments sont réunis pour traiter, avec des allures de soap opera, un thème qui ne prend malheureusement pas une ride au cinéma.

L’artiste sud-africaine Billie Zangewa dont l’une des œuvres a le même titre que le film, m’avait fortement conseillée, de voir au plus vite ce film mythique. Effectivement, ce n’est pas du temps de perdu ! Mais à quand l’histoire d’une jeune femme noire confrontée aux mêmes difficultés propre au couple inter-racial… Si vous connaissez un film qui traite de ce sujet, je suis preneuse.

Sur african links : Focus ‎# 9 : Billie Zangewa’s practice

 

Difret (2014)

La petite histoire :

Addis Abeba, 1996. Difret , c’est l’histoire d’Hirut Assefa, qui est enlevée par un jeune homme qui a choisi de l’épouser. Ce dernier ne parviendra pas à mener ses projets à terme, et l’aventure virera même au drame…

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Tiré d’une histoire vraie, le film fait référence directement à la tradition de l’enlèvement prénuptial. Les sujets de la condition de la femme et de l’éducation des filles en Ethiopie sont des thèmes périphériques qui viennent soutenir la cause du film.

Les deux destins liés d’Hirut et de Maeza Ashanafi, jeune avocate active qui à la tête de l’association Andenet œuvre pour le droit des femmes éthiopiennes, accentue la part d’humanité du film. Elles voient leurs trajectoires de vie dans le reflet du même miroir à quelques années d’intervalles.

Et lorsque la fillette demande à la jeune femme pourquoi elle n’est pas encore mariée, elle lui répondra tout simplement : « Les hommes ont peur de m’épouser parce que je ne reste pas à la maison. »

Difret , c’est en quelque sorte, l’illustration d’un duel parfois violent entre hommes et femmes ; la dualité de la société éthiopienne qui entre la tradition et les us et coutume du 20ème siècle, subit des répercussions importantes. Enfin, nous assistons à un choc entre les institutions traditionnelles et les institutions administratives contemporaines, dans une totale incompréhension entre ruraux et citadins.

Loin d’une image misérabiliste, Difret délivre un message universel d’héroïsme pour la condition des femmes.

Entre rebondissement, suspens et émotion, Difret n’a rien à envier à un épisode de New York Unité Spécial. De plus, regarder une production en langue amharique est assez exceptionnel.

Pourquoi ce prénom ? Peut-être en référence à Hirut Desta, l’arrière petite-fille de l’Empereur d’Ethiopie Hailé Sélassié, qui fut emprisonnée pendant près de quatre ans.

Diret (2014) 1h39 min de Zeresenay Mehari, sortie le 8 Juillet 2015 en France.

Des séances sont encore programmées en région parisienne au Studio Galande (75005), à la Clef (75006), au Brady Cinéma & Théâtre(75010), au Cinéma Chaplin Saint-Lambert, au Ciné Montrouge (92120), et au Rutebeuf (92110).

+ d’infos ici 

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2 commentaires

  1. J’ai vraiment beaucoup aimé le film Guess who’s coming to dinner tonight. Sidney Poitier est superbe. Il a fait un autre autre film que j’ai beaucoup aimé : A Patch of Blue (Un coin de ciel bleu). Je te le recommande, si tu veux découvrir des classiques du cinéma afro-américain :)

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