Beyonce a créé un réel séisme la semaine dernière en lâchant son nouveau titre sur Internet « Formation ». Les fans – et les moins fan – se sont chargés de la promo de Queen B, qui avait quand même bien calculé son coup médiatique, avant d’interpréter sa nouvelle chanson durant la finale du Super Bowl.
Mais une semaine après et l’effet de surprise passé, les avis mitigés émergent à l’encontre du regain de fierté identitaire de la Pop Star, qui en 2014, occupait la tête du classement des personnes les plus influentes de Times Magazine.
Fière de son nez de noire, de ses traits négroïdes, fière des cheveux naturels de sa fille… La diva affiche reformule le « Black is Beautiful » des années 1960 ; ce qui ne plaît pas à tout le monde. Des ultra-conservateurs – motivés par l’ancien maire de New-York, Rudolph Giulani – à des théoriciens et défenseurs de la cause noire, en passant par des sinistrés de Katrina, la « formation » proposée par Beyonce vers les horizons historiques du Black Panther Party n’est du goût de tous.
En effet, Bee est accusée de valoriser ces causes à des fins de marketing ou de promouvoir une haine de la police, voir un racisme anti-blanc…
© Beyonce via Youtube
Autre personnalité noire de la musique aux US, Kendrick Lamar dénonce à travers son œuvre musicale, un quotidien et une lourde précarité que subissent les communautés noires à travers les Etats-Unis. Son dernier album « To Pimp A Butterfly » est une invitation dans les tréfonds d’une Amérique en proie aux discriminations, à la pauvreté et aux violences urbaines. Le rappeur nominé onze fois aux derniers Grammy Awards est-il plus légitime que Beyoncé ? La femme de Jay-Z est-elle plus légitime que T.I. qui se transforme en père Noël pour les clients d’un magasin Walmart d’Atlanta, faisant le bonheur de plusieurs enfants ? Est-elle plus légitime que The Game qui engage 1 million de dollars de sa fortune personnelle pour soutenir la crise sanitaire qui a touché la ville de Flint ( dans le Michigan) ? – dégâts sanitaires concernant la pollution de l’eau potable.
Or, Beyoncé participait l’an dernier aux côtés de Nicki Minaj, Jay-Z et bien d’autres, à la première édition de Tidal X: 10/20 , un concert de charité. Les fonds dégagés par ce concert de charité a permis à Tidal de reverser 1,5 millions de dollars de dons à des organisations nationales dont Black Lives Matter, qui œuvrent en faveur de la justice sociale.
Peut-être que Beyoncé a toujours évité d’aborder la politique à travers sa musique, mais aujourd’hui elle met les pieds dans le plat, défiant toutes critiques.
F éminisme, avec Single Ladies, Who Run the World, Diva ou encore Flawless dépoussière les théories du féminisme pour les vulgariser d’une certaine manière, pour s’affirmer en tant que femme et en tant que femme noire. Tendance ou besoin nécessaire personnel, Bee fait de la thématique du féminisme, un atout de sa musique. Elle assure également qu’elle n’a pas froid aux yeux, et vise d’incarner la réussite de Bill Gates au féminin. Le chapitre de l’intersectionnalité* sera peut-être au prochain single ?
O riginal ? En 1991, Michael Jackson dénonçait un racisme ordinaire avec Black or White ; et en 1996, ce sont les violences policières à l’encontre des Noirs qui sont dépeintes dans They Don’t Care About Us. Beyoncé se sent capable de prendre la relève et de dénoncer à son tour, en 2016 les inégalités sociales aux Etats-Unis. La notoriété ébranlé dans certaines affaires judiciaire rendait-elle notre MJ international plus légitime d’aborder ces thèmes dans sa musique ?
R are. Avec un titre si commun, j’ai eu du mal à trouver le clip vidéo de Formation. Beaucoup de parodies, de fans qui s’exprimaient sur la nouvelle chanson de la Pop star, bref un clip perdu dans les méandres de Youtube, mais en avant-première sur Tidal. Business is business !
M usique. Cela reste de la musique, mais nous l’avons bien compris, la musique est et reste une arme.
A labama. L’histoire de cet état du Sud des Etats-Unis est très marquée par le Mouvement des droits civiques. C’est d’ailleurs en Alabama que ce mouvement a débuté, animé par Martin Luther King. Et c’est également dans cet état que le Boycott des bus, signé Rosa Parks, vit le jour en 1955, plus précisément dans la ville de Montgomery. La chanteuse semble apporter du crédit à sa vision et à son propos en affichant les origines de son père, né en Alabama.
T each ! Beyoncé s’élève au rang de formatrice à part entière. Elle prend les rênes dans l’ « éducation » de ses fans.
I dentité. Avec Formation, c’est l’identité complexe de la chanteuse qui est dévoilé aux yeux de tous : famille, aspirations, et ses
O pinions. Bee affiche au grand jour ses opinions politiques, ainsi que ces faits qui ont secoué l’actualité des Etats-Unis ces dernières années.
N oire. Oui Beyonce est noire et elle le clame haut et fort dans Formation. Seule question : pourquoi à ce moment précis de sa carrière ? Est-ce l’influence de l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, dont elle reprenait une partie du discours pour Flawless ?
En +:
Sur l’intersectionnalité : https://cedref.revues.org/827