Des rires et quelques pleurs percent le silence du studio de Bagadadji. La chaleur est harassante, mais Issa tient à garder son « écharpe de France » pour la photo. Il conserve un air sérieux et prie Mathi, son épouse de calmer la petite Nene. Car le portrait de famille est destiné à son grand frère qui vit à Paris ; d’ailleurs, c’est ce dernier qui, lors de son passage à Bamako lui a offert cette tenue, ainsi que ces nouvelles chaussures pour aller danser .
©Malick SIdibé, Des chaussures pour aller danser, 1963, Courtesy Agnès b
La séance photo se termine tranquillement sur les dernières recommandations de Malick Sidibé : la photographie sera prêt dans une semaine, au grand bonheur de Fode, qui loin de sa famille et loin de son pays, découvrira enfin le visage de sa petite nièce. *
Je peux m’imaginer tout un tas d’histoires similaires, rien qu’en admirant ces images. En effet, les photographies de Malick Sidibé ont cette puissance narrative qui nourrit l’imagination des spectateurs. Qui sont ces personnes ? Que sont-elles devenues ? Quel était l’objet de leur visite au Studio Malick?
© Malick Sidibé, Avec ses deux femmes, 1979, Courtesy Agnès b
Sans le savoir ou en être totalement conscients, les différents clients et modèles de Sidibé, ont apposé leurs empreintes sur la biographie de l’un des plus grands photographes maliens.
© Malick Sidibé, Yokoro, 1970, Courtesy Agnès b
1958, Bagadadji, Malick Sidibé ouvre son propre studio photo. Il se souvient encore des conseils de Gérard Guillat dit « Gégé la Pellicule », qui l’a formé à la photographie, ainsi que de ses premiers pas dans une chambre noire.
Portraits, photos de familles, mises en scène en tous genres, le studio Malick de Bagadadji devient très vite le théâtre d’un Mali qui change et cherche sa place entre la fin de la décolonisation et ses propres traditions.
Aujourd’hui, le studio de Sidibé est devenu un lieu de pèlerinage artistique : son esthétique séduit le monde entier, et nombreux sont ceux qui rêvent de poser face à l’objectif du photographe malien.
©Omar Victor Diop, Thierno, 2012, Le Studio des Vanités
Courtesy Galerie MAGNIN-A, Paris.
Passons du noir & blanc à la couleur, de la fin des années 1960-70 au début des années 2010, de Bamako à Dakar…
Dans son Studio des Vanités, Omar Victor Diop photographie des acteurs de la scène culturelle dakaroise. Ils sont créateurs de mode, bloggers, artistes et influents. Ils changent la donne et offre un nouveau visage à la capitale sénégalaise.
Entre un orgueil bien placé et le sentiment d’être utiles, ces photographies fantaisistes s’imposent comme les illustrations d’initiatives personnelles qui débouchent sur de profondes mutations sociales.
©Omar Victor Diop, Mariama, 2014, Le Studio des Vanités
Courtesy Galerie MAGNIN-A, Paris.
Le studio photographique prend deux dimensions différentes selon le point de vue de Malick Sidibé ou d’Omar Victor Diop . Or, cet espace reste une vitrine historique des changements sociaux. Havre d’idéalismes esthétiques et artistiques, le studio photo reste un laboratoire privilégié et ce à travers toutes les époques.
* Faits non réels ; ce récit relève de la fiction
En +:
Jusqu’au 19 mars 2016, l’exposition Studio portrait(s) à la Galerie du Jour Agnès b.
Plus d’infos ici
Lire l’article de Claire Nini sur l’exposition ici
Ces photos sont superbes, merci pour la découverte!
MERCI à toi CultURIEUSE!!!
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