« Artiste africain » : défricher la tendance

L’article « C’est quoi un artiste africain ? » écrit par la journaliste Roxana Azimi, a suscité chez moi une certaine interrogation. Est-il possible de définir un artiste africain ? Et comment un artiste africain se définit-il aujourd’hui ? Peut-on vraiment parler d’art contemporain africain ?

 Leonce Raphael Agbodjelou, Untitled (Egungun series), 2011

Certains artistes africains ne souhaitent pas être enfermés dans une origine, une couleur de peau ou encore une nationalité.

Quand d’autres critiquent ce label d’ « art africain » , certains à l’instar du commissaire d’exposition André Magnin, le désignent comme une étape sur le long chemin de la reconnaissance internationale (1). Car, la seule volonté d’un artiste africain – ou non – ne serait-il pas d’inscrire son œuvre au centre de débats universels ?

Mais entre une extrapolation de l’exotisme et une définition sommaire, « artiste africain » : qu’est que cela ne signifie pas ? Dans une démarche de défricher le terme, selon moi un artiste africain :

1 – Ne se définit par ses origines ; le marché de l’art le définit par ses origines. Lorsqu’une galerie n’aura plus besoin de notifier les collectionneurs de la nationalité des artistes, peut-être que ces derniers pourront évoquer des éléments de leurs biographies sans redouter une incidence sur leurs cotes… Le marché de l’art a ses tendances tout comme chaque secteur. Le vent tournera-t-il de manière durable et favorable envers le continent africain, après l’Asie ?Les biennales d’art contemporain, ces Jeux Olympiques de l’art, ne contribueraient-elles pas à cette balkanisation du champ global de l’art ?

2 –  n’utilise pas le label de «Contemporary African Art » ou d’ « art contemporain africain ». Peu d’artistes africains utilisent le terme d’art africain contemporain, se définissant tout simplement et avant tout comme artiste.

3 –  ne se limite aux thématiques africaines dans son travail mais s’inscrit dans une universalité contemporaine. L’art n’a pas de frontières : les identités se confrontent et se confondent pour mieux se comprendre.

4 –  ne désigne pas exclusivement un artiste noir. Qu’en est-il d’un artiste afro-bolivien ? Ou d’un artiste né à Taïpei, d’origine malienne et qui n’aurait aucun lien avec la réalité du Mali ? La couleur de peau ne définit pas l’œuvre et encore moins l’artiste. Et quelle place pour des artistes comme Marlène Dumas, Pieter Hugo ou encore William Kentridge ?

5 –  n’est pas uniquement un « homme » : la création du continent africain se conjugue parfaitement au féminin.

En +:

(1) « Je ne vois pas pourquoi ce serait un problème de parler d’art africain! On doit en passer par là pour que les amateurs et les critiques commencent à repérer des signatures. » André Magnin, Dossier La folie des artistes africains, Beaux-arts Magazine n°381, Mars 2016.

A lire sur african links.

Peut-on vraiment parler d’art contemporain africain? (2012)

L’inauguration de la Tyburn Gallery (octobre 2015)

Retour sur Biennale de Lyon (octobre 2015)

Sur Happening Media

France, 2016 : un bon cru pour l’art contemporain et les artistes issus du continent africain ?

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