« Made in Africa » by François Kollar

Kollar_BD François Kollar, chaussures Bata, Rufisuqe (Sénégal), 1951, épreuve gélatino-argentique d’époque, donation  François Kollar, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Charenton-le-Pont.

**1951, Rufisque, sud-est de Dakar. La chaleur est difficilement supportable et avoisine les 40 degrés dans cette manufacture aux grandes baies vitrées. Mansour et Fadel sont au premier plan sur cette photographie de François Kollar. Agés respectivement de 19 et 17 ans, ils ont été approchés par un « toubab » à chapeau, qui a proposé à Monsieur Yock – le cordonnier chez lequel ils sont apprentis – de les engager pour différentes missions. Entre de nouveaux acquis et la découverte de techniques différentes, le maître d’apprentissage, responsable des deux jeunes hommes, donne son accord.

Mansour et Fadel apprennent vite et retiennent chaque méthode de fabrication, loin de se douter qu’une soixantaine d’années plus tard, l’entreprise d’origine tchèque, créée en 1894, pour laquelle ils produisent ces chaussures, fermera de nombreux magasins en Europe et plus particulièrement en France, sous le poids d’une concurrence impitoyable. **

Ouvrier et photographe

Le Jeu de Paume propose l’exposition « François Kollar, un ouvrier du regard » qui dévoile l’œuvre photographique de François Kollar (1904-1979). D’abord ouvrier chez Renault, il s’oriente peu à peu vers l’art de la photographie.

Kollar_11 François Kollar, Renault, D’une main l’ouvrier fait tomber le sable. Billancourt (Hauts-de-Seine), 1931-34. coll. Paris, Bibliothèque Forney © François Kollar/Bibliothèque Forney / Roger-Viollet.

L’exposition se présente en trois parties qui mettent chacune un accent particulier sur  des facettes de la carrière du photographe. Ainsi, la première partie expose ses esquisses et recherches de débutants. Il y développe alors un langage plastique empreint de l’inspiration des frénésies avant-gardistes de Laszlo Moholy-Nagy ou encore de Man Ray.

François Kollar obtient une commande de l’Etat et est chargé d’archiver l’histoire de cette « France qui travaille ». C’est le monde du travail des années 1930 qui est dépeint, de l’agriculture à l’artisanat, en passant par l’industrie et l’automobile, dans pas moins de 15 publications, aux éditions des Horizons de France. Ces mutations socio-économiques sont soigneusement enregistrées sous l’objectif de Kollar, pour illustrer l’histoire de la France.

Kollar_13

François Kollar, Escalier chez Chanel, 1937, épreuve gélatino-argentique d’époque, donation François Kollar, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Charenton-le-Pont.

Dans la troisième et dernière partie de l’exposition, nous pouvons y découvrir une proximité latente entre ses premiers pas photographiques et son aisance artistique acquise. La mode pointe le bout de nez avec les portraits de Coco Chanel, Elsa Schiaparelli ou Madame Fischer, directrice du bureau parisien d’Harper’s Bazaar.

Cependant, les commandes de l’état français et les reportages industriels tiennent toujours une place importante dans son travail de photographe. François Kollar s’envole alors pour l’Afrique de l’ouest afin de rendre compte d’une autre réalité au-delà des frontières de la France.

L’A.O.F en photo

Jusqu’en 1958, l’Afrique Occidentale Française est le terrain de vastes entreprises coloniales menées par la France, dans les années d’après-guerre. Industrie, commerce agro-alimentaire, manufacture… François Kollar est chargé par l’Etat français d’élaborer des documents visuels de propagande, témoignant des infrastructures mises en place en A.O.F. ainsi que du commerce entre colonies et métropole.

Ce sont des visuels imprégnés d’un certain lyrisme qui atténue le caractère journalistique de la commande, avec finesse et humilité. C’est une sélection d’images parmi plus de 2 000 photographies et autres photomontages réalisés, qui illustre les revues de l’ A-O.F. Défendre de manière positive les engagements de la France sur le continent africain : telle était la mission de François Kollar. Fragments de l’Histoire, parcelles d’un récit, bribes d’un héritage, ces images nous révèlent des instants importants, reculés dans les profondeurs de la mémoire nationale.

Publicité, progrès techniques et économiques, colonisation, histoire… Emigré slovaque, François Kollar reste cet acteur masqué derrière son objectif, qui au bal des talents disparus, grave son nom dans le patrimoine français.

** Faits fictifs**

En + :

Plus d’infos ici

L’exposition François Kollar, un ouvrier du regard, jusqu’au 22 mai 2016, au Jeu de Paume, Concorde (75001).

 

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s