Portrait of Lady Skollie, ©Anthea Pokroy, Courtesy Tyburn Gallery
L’univers de Lady Skollie est empli de fruits, de présences féminines et de mystères des plus improbables.
Les références au sexe sont directes, or le ton esthétique utilisé par l’artiste atténue la frontalité des œuvres.
Bananes, Papayes se mêlent aux autres organes reproducteurs humains, féminin et masculins… Lady Skollie utilise un vocabulaire plastique des plus subversifs non pour choquer mais pour dévoiler sa propre condition de femme, et décrire les relations hommes-femmes d’aujourd’hui.
Pour sa première exposition à la Tyburn Gallery à Londres, l’artiste sud-africaine présente différents dessins et peintures qui brisent le silence autour de tabous sociétaux.
Ces puissants rébus graphiques s’inscrivent dans un débat contemporain sur les questions de genre et le féminisme. Nous assistons alors à une fragmentation illustrée des stéréotypes sur les femmes, entre poésie, abstraction expressionniste et une amère subtilité.
Lady Skollie, Kind of sort of united we stand the ups and downs of competitive sisterhood, 2016.
african links : Quelle relation faites-vous entre la symbolique des fruits exotiques et votre démarche artistique?
Lady Skollie : Je pense que les pulsions et comportements humains sont des moteurs dans mon travail. Un fruit peut être vu comme un besoin essentiel pour se nourrir et survivre, mais dans mon travail je l’utilise également pour aborder la façon la plus fondamentale à travers laquelle les humains sont reliés les uns aux autres: le sexe.
african links : Quelle est la part de la dimension féministe dans votre travail?
Lady Skollie : Cela ne se limite pas uniquement à mon travail : en tant que femme, c’est très important pour moi. J’ai toujours affiché très clairement mon soutien en faveur des droits des femmes en Afrique du Sud, et je ferai tout mon possible pour lutter contre le
«bro code» (1) qui dans certains cas – et mal interprété – peut encourager le manque de responsabilité chez les hommes, voire la culture du viol.
J’accorde une grande particularité à ce que les personnages que je présente soient résolument des femmes qui affrontent le spectateur. A titre d’exemple, j’ai présenté la « Khoisan Kween Mother » sur le mur de la Tyburn Gallery, pour mon exposition personnelle Lust Politics*.
Lady Skollie paints her mural for Lust Politics at Tyburn Gallery, London. Copyright the artist, courtesy Tyburn Gallery. Photo by Batandwa Alperstein.
Lady Skollie, Lust Politics, installation view at Tyburn Gallery, London, Photo Lewis Ronald, courtesy the artist and Tyburn Gallery.
african links: Quelle est la signification de votre nom d’artiste Lady Skollie?
Lady Skollie : « Skollie » est un terme en Afrikaans qui, dans le contexte sud-africain, a souvent été utilisé pour décrire une personne de couleur qui éveille des doutes ; ou quelqu’un qui en raison des stéréotypes raciaux, se trouve dans une situation inappropriée, voire ne serait pas à sa place.
Lady Skollie devient alors ce juste milieu où les deux facettes de ma personnalité féminine et masculine à la fois sont en harmonie, l’une n’empiétant pas sur l’autre.
Propos recueillis par Virginie Ehonian
Lady Skollie, (Laura Windvogel) est née en 1987 à Cape Town, Afrique du Sud. Elle vit et travaille à Johannesburg.
Lady Skollie, Lust Politics, Tyburn Gallery, London, 19 January – 4 March 2017, tyburngallery.com
(1) Le « Bro code » est une sorte de « bible » de potes. L’artiste y fait allusion ici dans un contexte sud-africain.