Quel message? Quelles inspirations? La chanteuse Patricia Essong revient sur le choix des 10 titres qu’elle interprète à son tour, et lève le voile sur la magie de son premier album « Soul of Nü Bantu » .
Retrouvez Patricia Essong et son band le 25 avril prochain à l’occasion de l’ouverture du Festival Rares Talents, au Petit Bain. Patricia Essong est également la marraine du Festival.
7- AKI SPECIAL – Prince Nico Mbarga, Nigéria, Pidgin.
Aki Special, le message c’est de garder la foi et de rester humble.
« Everything happens for a reason » – « Tout arrive pour une raison » – , il faut savoir faire confiance à l’Univers, à Dieu, car Il a prévu quelque chose pour chacun de ses enfants. Evitons de nous apitoyer sur notre sort et de se moquer de celui qui est dépourvu de biens, car nous ignorons ce que l’avenir peut nous réserver. « This life, is wonderful, don’be proud beacuse you have it, it comes from God » – « Cette vie est merveilleuse, mais ne sois si fière de l’avoir car c’est un don de Dieu. » – : j’aime les chansons qui interpellent, ou qui suscitent une certaine émotion.
8- NGOMA KURILA – Bongi Makeba, Afrique du Sud, Venda.
Ngoma Kurila est une chanson traditionnelle chantée par les femmes pendant les vendages. La particularité de l’interprétation de Bongi Makeba est que dans sa reprise elle y ajouté des messages engagés en faveur de l’indépendance de l’Afrique.
Sur scène, au moment de chanter Ngoma Kurila mon équipe et moi-même, portons des T-Shirts de la marque Afrikanista sur lesquels est inscrit: « Liberté, Egalité, Affaire de papiers ». Un autre contexte mais toujours les mêmes syndromes…
A mon tour, je transmets à travers ce titre des messages sur l’identité, nos différences qui sont nos forces, notre humanité.
Sur l’album, si à la fin de la chanson vous m’entendez dire : « Allez vous laver les dents ». C’est normal ! Je parlais à mes enfants pendant que nous enregistrions. (rires) On enregistrait chez moi : cela faisait au moins trois fois que je leur répétais d’aller se brosser les dents, et qu’ils restaient là dans le salon.
Ce passage devait être retiré, puis au final j’ai décidé de le laisser parce qu’il est important pour moi de me souvenir dans quelles conditions cet album a été réalisé.
9- TAJABONE – Ismael Lô, Sénégal, wolof
10- SAMBOLERA MAYISON – Kadja Nin, Burundi, Swahili
Ces deux chansons appellent tout simplement à un examen de conscience. Avons-nous fait ce qu’il faut jusqu’ici afin d’être paix avec nous-mêmes ? Nos actions ?
Peu importe qui vous êtes, et en dépit des noms de Dieu ou des ordres reçus pour organiser des guerres ou des violences, vous aurez tous des comptes à rendre.
Quelle est la particularité de l’album « Soul of Nü Bantu » ?
La particularité de l’album réside dans le fait que chaque l’ensemble des tires sont interprété dans une langue bantoue différente (exceptée Tajabone). De plus, les histoires racontées et les sujets malgré les différences linguistiques, se recoupent : le récit est commun.
Les intonations, certains mots, la rythmique, le folkore… on les retrouve dans la majorité des pays bantous et je tenais vraiment à mettre cela en avant. Par exemple, un Congolais peut très bien se retrouver dans les chansons Boya Ye ou encore Ngoma Kurila ; tout comme un Burundais peut être sensible aux titres Sambolera Mayison , Malaika ou Tajabone.
A travers cet album, quel message souhaitez-vous faire passer?
Je veux parler de l’histoire musicale et donc culturelle du peuple Bantou d’Afrique. Ce n’est pas parce que nous ne vivons pas ou plus sur le continent, que nous ne devons pas considérer ce témoin du temps qu’est notre héritage. Et ceci est le début d’un mouvement, parce que je suis persuadée qu’avec « Soul of Nü Bantu », les jeunes artistes africains ne se sentiront plus gênés à l’idée de reprendre des chansons de nos aînés afin de les valoriser, selon notre sensibilité musicale.
C’est comme le Jazz qui s’est construit aux Etats-Unis ; aujourd’hui rien ne se crée, tout se renouvelle. « Soul of Nü Bantu » donnera le ton à une nouvelle ère ! Je le sais, je le sens, et je commence à le voir sur les réseaux sociaux, ou lorsque je suis invitée à parler de mon expérience. La musique Bantoue aura la même visibilité que les autres; et je souhaite, je nous souhaite, de parvenir à consolider ce degré d’importance.
La demande est grande, et les artistes définissent leur positionnement : il est possible de vendre tout en ayant une démarche cohérente et qui fait sens. Il est de notre devoir de conserver notre patrimoine ;ne nous plaignons pas si d’autres le font.
Propos recueillis par Virginie Ehonian
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