En novembre 2016, la première édition de la foire AKAA présentait au sein du Carreau du Temple, un espace VIP des plus créatifs et novateurs, signé Albert Angel et Lawrence Knights.
Le binôme a fondé les espaces de co-working Kwerk marqué par un réenchantement de la conception contemporaine de l’hospitalité. La notion de travail est alors transfigurée, en cohérence avec un monde qui bouge et offre de nouvelles opportunités de penser le bien-être, le confort et les relations humaines. Retour sur l’aventure Kwerk et la passion de l’architecte Albert Angel.
Kwerk Bienfaisance, 75008 Paris © Kwerk
Ambition, design et style.
A la question « qu’est-ce qui vous a attiré vers l’architecture et le design ? », Albert Angel répond qu’il a su qu’il voulait être architecte dès l’âge de 10 ans. « J’ai toujours ressenti cet appel vers l’art ; étant petit, je dessinai déjà des maisons. D’autant plus que je suis issu d’une famille créative, où mon père et ma sœur y tiennent de grands rôles. »
Albert Angel at work © Kwerk
Angel grandit en République Démocratique du Congo avant de s’envoler en Afrique du Sud pour y poursuivre ses études d’architecture. Ces « deux Afriques » dont les environnements sont bien évidemment différents, font naître chez lui ses premières inspirations : « Je suis né et ai grandi à Kinshasa qui est une ville très urbaine. A Cape Town, la nature est tout aussi impressionnante et l’architecte plus moderne ; cela m’a beaucoup fasciné. »
Influencé par l’architecture du Japon qui s’appuie sur l’art chinois du Feng-Shui, Albert Angel fonde ses croyances artistiques sur le Mouvement métaboliste japonais des années 1960, qui repousse les limites fonctionnelles traditionnelles. Il ne cache pas pour autant son admiration pour le designer français Philippe Starck : « J’ai beaucoup de respect pour lui ; il a su ramener de l’humanité dans le design, tout en le rendant populaire et accessible à plus large public. Ses créations sont tellement généreuses. »
Ayant fondé son propre studio en 2005, la spécialité d’Albert Angel est l’hospitality design et la réinvention des lieux de vie, tels que les hôtels, restaurants et autres boîtes de nuit, avec pour ambition majeure d’avoir un impact sur l’expérience de l’utilisateur.
Au détour d’une Afrique enchantée.
Du Kenya (Mombassa, Nairobi) au Sénégal (Dakar) en passant par la France, les Etats-Unis, l’Île Maurice ou encore les Seychelles, le travail d’Albert Angel affiche une belle dimension internationale.
Collaborant avec le groupe hôtelier ONOMO, pour ces cinq hôtels répartis entre Abidjan, Libreville, Lomé, Bamako, Dakar, le design d’Angel souhaite incarner « l’esprit de l’Afrique » tout en restant en adéquation avec les réalités, et évitant de calquer des modèles occidentaux, non adaptées aux cultures locales. Albert Angel, se rend donc souvent en Afrique où il a ses projets actuels ; il n’a pas encore été sollicité pour des collaborations aux Congo, où vivent encore ses proches. Face aux risques qu’entreprendre en Afrique représente, l’architecte ne manque pas de souligner : « Tout peut changer, tout peut basculer, mais cela ne m’a pas empêché de poursuivre mes ambitions. »
Comment allier la tradition et le contemporain ? Face à cette interrogation Angel laisse entrevoir une certaine nostalgie de l’Afrique : « Mes clients africains m’ont déjà reproché d’apporter une dimension romantique dans mon travail », pour le moins fidèle à l’effervescence des villes africaines et de la mise en scène des traditions.
D’après son expérience, il attribue un rôle déterminant à la diaspora africaine : « Elle s’efforce de réinventer le regard que le monde porte sur le continent africain. Je vois la tradition sous le prisme de mon histoire personnelle, de mes souvenirs en Afrique, qui me reviennent de manière évidente, lorsque j’y retourne pour des projets. C’est l’interprétation de mon africanité qui se manifeste à travers mon travail, afin de rendre compte d’une autre Afrique à travers le design et l’architecture ».
Kwerk Bienfaisance, 75008 Paris © Kwerk
Au rythme du « kwerk ».
Telle une onomatopée toute droite retranscrite d’une bande dessinée, « kwerk » désigne la transcription phonétique de « quirk ». Originalité, excentricité et singularité définissent ce terme qu’ Albert Angel et Lawrence Knights ont choisi pour nommer leur label d’espaces de co-working en région parisienne.
« Associés depuis sept ans, c’est d’abord en tant qu’utilisateurs d’espaces de co-working que l’idée nous est venue. » décrit Lawrence Knights, conseiller en stratégie marketing et de communication. Avant de poursuivre : « Lorsque j’ai aidé Albert à développer son studio d’architecture basé à New-York, nous avons été amenés à beaucoup voyager entre l’Indonésie, l’Afrique et les Etats-Unis. Nous ressentions un grand besoin de flexibilité en tant que nomades numériques, au niveau d’un lieu de travail qui repousserait les normes du design et de l’architecture, en phase avec les nouvelles manières de travailler. Cela a été plutôt naturel, car de par nos expériences de clients, nous savions ce que nous voulions apporter, en se basant sur nos propres valeurs, à savoir : le design, l’inspiration et le bien-être. »
Décoration recherchée, murs en liège, sculptures colossales en papier qui retranscrivent les ogoh-ogoh propre à l’artisanat balinais, un mobilier moderne empreint d’une créativité ludique et inédite, des jeux de lumière qui apportent un confort et une dynamique naturelle…
Tout est réuni pour permettre un bon compromis entre bien-être et travail. La volonté d’Albert Angel d’entraîner les membres de Kwerk dans un autre univers se fait ressentir dès l’entrée, avec un réel accent mis sur la gestion de l’espace, le ressenti et les sensations qu’il génère. La convivialité est le fil conducteur dans la mise en œuvre architecturale, qui propulse chacun des membres dans un théâtre vivant au bonheur de leur créativité, synonyme d’un ailleurs aux frontières du surréalisme : « Exactement, l’idée est de stimuler l’imagination. Et à travers tous mes projets, que ce soit Kwerk ou pour mes clients, j’essaie de raconter une histoire que les personnes qui traversent ces espaces s’approprient. » affirme Albert Angel.
Le complexe inédit à Paris réunit différents salons, salles de réunion, cabines de confidentialité, un bistrot et une cuisine, qui sont à disposition de la communauté ; sans oublier les terrasses où il fait bon vivre pour une petite pause. De plus, une option bien-être composée d’un accès à une salle de fitness exclusive pour les membres ainsi que des cours collectifs de yoga et de méditation, complète une offre haut de gamme et renforce la singularité de ce lieu atypique.
Avec une première adresse à Boulogne-Billancourt en 2015, et un second espace ouvert un an plus tard au cœur du VIIIème arrondissement, Kwerk s’impose comme une référence à un public d’entrepreneurs internationaux et locaux, avec ses 300 postes de travail.
Espace de co-working d’exception illustrant la créativité complémentaire des deux co-fondateurs, le label séduit aujourd’hui plus d’une centaine d’aficionados.
Kwerk en Afrique un jour ? « Oui, on aimerait bien et c’est le but… Il y a un potentiel énorme. Cependant, on attache une grande importance à s’implanter durablement à Paris, afin de s’exporter au-delà ; bien que notre réseau européen nous ait fortement sollicités. » reconnaît Albert Angel.
En + :
Kwerk II, 44-46 Rue de la Bienfaisance 75008 Paris
Kwerk I, 50 Route de la Reine 92100 Boulogne-Billancourt
Propos recueillis par Virginie Ehonian