Emmanuelle Soundjata – en référence à la figure de Soundiata Keïta – a fait du Maré Tet son arme.
Son arme pour inscrire dans les pratiques contemporaines de la beauté cet art de nouer le foulard, afin de le valoriser et de le rendre pérenne. En trois questions, Emmanuelle Soundjata lève le voile sur sa vision et les facettes de son engagement.
Portrait d’Emmanuelle Soundjata © Maré Tet
© Maré Tet
african links : Quelle est votre définition du “Maré Tet”? Et décrivez-nous l’aventure de votre concept-store Multi Ethnik Tematik ?
Emmanuelle Soundjata : Je vois en le “Maré Tèt” la liberté, l’art, les racines et l’originalité. Mot pour mot, cette expression signifie “l’art d’attacher la tête avec un tissu”.
Mon parcours a été atypique : après des études de droit, j’ai bifurqué pour atterrir dans le milieu de la mode, plus particulièrement la « mode ethnique », qui, il y a encore quelques années n’était pas si tendance que cela.
Pendant 3 ans, j’ai été l’égérie du 1er concept-store ethnique parisien, et parallèlement à cela, à l’époque j’organisais de premiers ateliers Maré Tet, sous l’appellation « T-Urban Style ». J’ai alors constaté que de plus en plus de femmes portaient de plus en plus d’intérêt à mes ateliers. J’ai donc décidé de lancer le concept d’« atelier MARE TET » en 2012, à Paris, avant de poursuivre l’aventure en Martinique et d’ouvrir le 1er concept store multi Ethnik TEMATIK à Fort de France, qui donne de la visibilité aux artistes afro-caribéens locaux, mais également des différentes régions du monde.
« TEMATIK » est un condensé de mon prénom et de l’adjectif « ethnique ». A travers cette notion, différents articles éthiques sont vendus en boutique: bijoux, accessoires, pièces de créateurs et objets de décoration. TEMATIK est née de l’envie de militer, de contribuer à des échanges commerciaux équitables et de proposer une sorte d’ « alter-mondialisation ».
La TEMATIK BOUTIK incarne la revalorisation des richesses culturelles. C’est un lieu qui réunit mon goût pour l’art artistique et l’éthique, tout en alliant le commerce équitable et le développement durable et le soutien aux jeunes créateurs.
© Maré Tet
african links : Que souhaitez-vous transmettre et défendre à travers le savoir-faire du Marèt-tet ?
Emmanuelle Soundjata : L’objectif des ateliers MARE TET que j’anime depuis maintenant 11 ans, est d’allier des savoir-faire traditionnels et modernes, afin que le Maré Tet traverse les époques et reste inscrit dans notre héritage culturel.
C’est la résultante de plusieurs techniques de nouages qui permettent d’obtenir des modèles de coiffes éphémères qui s’appuient sur l’originalité et qui permettent de changer de look à travers l’art de nouer le tissu.
© Maré Tet
african links : À travers les différents ateliers MARE TET que vous organisez, quelle est l’importance de vos références à l’histoire et au patrimoine africain?
Emmanuelle Soundjata : L’importance des références à l’histoire et au patrimoine africain correspond à environ 30 % du contenu de l’atelier MARE TET classique pour les débutants. Car le Maré Tèt fut la réponse à une loi coloniale qui imposait à l’époque aux femmes noires libres qui occupaient des postes administratifs, de se couvrir les cheveux parce que leurs chevelures étaient jugées trop attrayantes pour les hommes blancs.
Il est primordiale de prendre conscience que ces femmes noires qui ont traversé une forme de révolution à travers l’histoire de l’esclavage et coloniale, s’expriment par un désir de défier ce nouveau monde qui se présentait à elles, avec leurs bagages identitaires, culturels et une vision multiculturelle.
L’héritage africain est là, dans chaque parcelle de l’histoire des Caraïbes, de la mode, des langues et de la gastronomie par exemple.
Propos recueillis par Virginie Ehonian
En +:
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