L’âme en noir et blanc des Etats-Unis : les photographies inédites de Stephen Shames exposées à Paris.

Il saute Rafael, sans se soucier du danger qu’il encourt. D’immeuble en immeuble de toit en toit, il brave et défie les lois de la gravité, en s’éloignant du pire. Car la vie n’est pas très gaie dans le Bronx des années 1970. Entre la pauvreté, la drogue et la mort qui rôde un peu partout, comment rêver ne serait-ce qu’un court instant?
En volant dans le ciel, en s’abandonnant juste le temps d’imaginer une vie meilleure et affronter un destin dont Rafael reprend les rênes.

Stephen Shames, Rafael (13) jumps from one building to the next, eight stories up,1977 – Bronx, New York, USA. (Stephen Shames/courtesy Stephen Kasher Gallery).

Les photographies de Stephen Shames ont cette douce amertume du travail bien fait qui semble inachevé dans mes pensées. Je voudrais en voir davantage, or des limites des cadres; je voudrais les voir s’animer… J’aurais voulu être derrière l’épaule du photographe, assistante d’un jour, tout simplement pour vivre ces scènes, qui laissent entrevoir une terrifiante humanité.
En suspens de manière subtile entre la vie et la mort, entre la fatalité et l’opportunité d’exister, les images de Shames joue sans tricher sur un clair-obscur plus vrai que nature. Parce qu’elles sont âpres, brutes et sans fantaisie, elles nous égratignent silencieusement la rétine, loin des violents fracas que cette réalité dépeint sous nos yeux.

 Stephen Shames,  Boys hang out in Lower Price Hill a community of poor whites from Kentucky and West Virginia,1985Cincinnati, Ohio, USA. (Stephen Shames/courtesy Stephen Kasher Gallery)

Stephen Shames est né en 1947, aux Etats-Unis. Ses séries sur la jeunesse du Bronx dans les années 1970-90, la pauvreté aux Etats-Unis ou encore le Black Panther Party lui ont valu une reconnaissance internationale.
L’oeuvre de Stephen Shames est plurielle et se déploie autour de l’humain, pour résonner au plus près du réel, dans l’actualité américaine de 2017.

Au coeur du Black Panther Party: Stephen Shames immortalise le mouvement.

Stephen Shame, George Jackson funeral at St. Augustine’s Church. Glen Wheeler and Claudia Grayson, known as Sister Sheeba, stand in front. Clark Bailey, known as Santa Rita has cigarette in his mouth. 2nd row: Van Hilliard, known as Van Junior, John Seale (Bobby’s brother back to us), Van Taylor, Oakland, California,August 28, 1971, USA: (Stephen Shames/courtesy Stephen Kasher Gallery).

Fondé en 1966 par Boby Seale et Huey P.Newton, le Black Panther Party est un mouvement révolutionnaire qui a secoué l’équilibre socio-politique des Etats-Unis jusqu’au début des années 1970. Ralliant intellectuels, chanteurs, artistes, acteurs et personnalités, le Black Panther Party a considérablement lutté en faveur du respect des droits des citoyens noirs américains.

C’est sans doute la relation amicale entretenue par le photographe avec Bobby Seale qui est à l’origine d’un travail unique par sa liberté de ton et son unicité. […] Le fondateur du mouvement des Black Panthers introduit Stephen Shames auprès des principaux dirigeants. Dès lors, le photographe sera aux côtés de Kathleen et Eldridge Cleaver, de June et David Hilliard et d’Huey Newton. Une proximité qui lui procure non seulement un laisser-passer permanent à tous les niveaux de l’organisation mais lui donne aussi les clefs de compréhension du mouvement. Sept années de contribution à un combat, à relater les faits et gestes des principaux acteurs de l’avant-garde révolutionnaire américaine. (1)

Comme le relate François Cheval, c’est au coeur du mouvement duBlack Panther Party, que Shames devient les yeux et la bouche muette d’une révolution historique. Il rend immortelles ces fortes têtes – pour la plupart disparues aujourd’hui – ainsi que les différents acteurs anonymes, à travers la capture de moment inédits voire intimes du parti… A présent ancrés dans l’histoire universelle de la lutte pour les droits de l’homme.

En +:

(1) extrait – François Cheval, L’attentive gravité de Stephen Shames, janvier 2017.

Stephen  Shames, Une rétrospective à la Maison de la Photographie Doisneau, Gentilly. du 05 octobre 2017 au 14 janvier 2018.

http://www.stephenshames.com/

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