Le bruit des gestes: « Sensus Plenior » de Steffani Jemison

Elle fait des grimaces, elle mime, elle joue avec la vie, avec ses émotions, avec nos émotions. Et elle danse, elle danse entre les échos de notre imaginaire, piétinant les douces tonalités de la réalité. Elle raconte une histoire enfin de compte. Une histoire universelle, sans mot mais gestuelle; une histoire que chacun peut prendre le temps d’écouter silencieusement avec les yeux.

Steffani Jemison, Sensus Plenior, 2017

C’est dans le cadre de la 10édition du programmation « Satellite » du Jeu de Paume, que le du cycle « L’économie du vivant » est présenté. Le commissaire d’exposition Osei Bonsu présente le travail de quatre artistes internationaux : Ali Cherri, Oscar Murillo, Jumana Manna et enfin Steffani Jemison. Ce cycle « a pour objet la constante mobilité des corps, des plantes, des animaux, des artefacts, ainsi que d’autres produits culturels. »

 Steffani Jemison, Sensus Plenior, 2017

Ainsi, le film Sensus Plenior de Steffani Jemison reste en parfaite cohérence avec la thématique. L’artiste américaine suit le pasteur Susan Webb, durant toutes les étapes d’une « cérémonie » et propose une exploration culturelle au plus près du « Gospel Mime ». Le pantomime, l’art de s’exprimer, d’exprimer des sentiments à travers les gestes est revisité d’une certaine manière, dans une dimension religieuse.
Un masque éphémère blanc, des gants blancs pour accentuer la délicatesse gestes à la frontière du réel… En échos aux traditions africaines où l’anonymat de l’apparat renvoie à l’esthétique du rite, ici, le pantomime est vu comme une pratique culturelle qui s’est ancrée au fur et à mesure des années au sein de la communauté religieuse Afro-américaine, telle cette cérémonie spirituelle parallèle.

  Steffani Jemison, Sensus Plenior, 2017

De sa préparation au moment-clé de la représentation, chaque instant est dépeint dans Sensus Plenior. La force de l’expression scénique dans l’espace religieux et le vocabulaire gestuel riche, bousculer gentiment le spectateur contre d’intenses émotions. Jemison interroge le mime, son corps, ses mouvements avec un regard habilement poétique.
Comme si le pasteur racontait un récit sans parler, une histoire méconnue de l’Histoire qui se dépeint dans l’espace religieux. Enfin, une histoire afro-américaine de l’Histoire des Etats-Unis, face à la chorégraphie, l’improvisation et les mots qui se dessinent dans l’inconscient collectif.

 Dessin de Steffani Jemison, Sensus Plenior, 2017

Les échos sourds des gestes nous renvoient à ces influences du monde entier, conférant au Gospel Mime une place universelle.

En + : 

http://www.steffanijemison.com/

Sensus Plenior de Steffani Jemison jusqu’au 21 janvier 2018 au Jeu de Paume. Plus d’infos ici 

 

 

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