Et si l’exposition « Royal Outcasts » de Johanna Tordjman était le titre d’un conte des temps modernes?

 « Corps absolument visible, en un sens : je sais très bien ce que c’est qu’être regardé par quelqu’un de la tête aux pieds, je sais ce que c’est qu’être épié par-derrière, surveillé par-dessus l’épaule, surpris quand je m’y attends, je sais ce qu’est être nu ; pourtant, ce même corps qui est si visible, il est retiré, il est capté par une sorte d’invisibilité de laquelle je ne peux le détacher. »

Michel Foucault, Le Corps Utopique, 1966.

 

Il y a ces tableaux qui s’exposent et se découvrent telle les illustrations d’une fable oubliée dans le temps… De peintures en peintures, les oeuvres de Johanna Tordjman se dévoilent sous nos yeux telles les pages d’un livre de contes retrouvé.

Johanna Tordjman, Liberté, Fraternité, 2018.

Elle a tout d’une scène surréaliste qui gravite entre deux espaces-temps. L’un réel, l’autre suspendu sur les lignes d’un palimpseste graphique, qui, peint et repeint, laisse émerger cet instant.
Ils sont fiers et unis face à l’adversité; face à cette réalité qui menace de les repousser dans le vide, face à un monde qu’ils essaient de comprendre. Être observé, épié, voir ses gestes épiés… Être visible tout compte fait, pour se sentir effacé sur l’échelle sociale, de laquelle il paraît plus facile de tomber que de monter… Être surveillé, à l’instar de cet immense tigre qui en partie représenté, nous rassure, nous de l’autre côté du tableau.

 Johanna Tordjman, Décompositions d’une chute, 2018.

A la fois ancrés dans l’univers et repoussés dans un ailleurs, c’est peut-être ce corps utopique décrit  par Michel Foucault,  que s’attèle à dépeindre Johanna Tordjman. A travers l’exposition « Royal Outcasts », l’artiste dévoile au public le sentiment de fraternité qui unit les membres de la famille Ndjoli. Leurs images, leurs corps, sont transposés dans l’espace pictural afin d’être tout simplement visibles aux yeux de la société. Car « Royal Outcasts », comme un conte moderne fort de son imaginaire, met les membres de la famille Njoli à l’honneur, bien qu’identifiés comme des « intouchables » mis sur la touche, au ban de la société.

 Johanna Tordjman, Fratrie Jamais Finie, 2018.

Des références à la douce impétuosité de Salvador Dali, à la tendre innocence de Le Douanier Rousseau, au Surréalisme ou encore de manière indirecte à Kehinde Wiley, ponctuent le vocabulaire pictural de Johanna Tordjman, qui oscille entre le désir de conjuguer un présent social et un passé à défricher.

La peinture sert alors de support à l’artiste pour ennoblir les frères et soeurs Ndjoli; le temps de la réalisation d’une oeuvre, le temps d’une exposition, le temps de la vie de ces peintures qui s’ancrent dans l’universalité des témoignages sur le monde d’aujourd’hui.

En +:

La Galerie Sébastien Adrien et Kozzarte, qui assure le commissariat, présentent l’exposition « Royal Outcasts ».

Du 16 mai au 30 juin 2018 à la galerie Sébastien Adrien.

Johanna Tordjman est née en 1990. Vit et travaille à Paris.

Kozzarte est une galerie d’art online, nomade et itinérante créée par Florence Cocozza. Kozzarte soutient ses artistes en leur offrant des expositions dans des espaces éphémères, ainsi qu’une présence digitale.

Pour l’exposition, Johanna Tordjman créée des Tshirts en série limitée, au profit de CéKeDuBonheur, association fondée par Hélène Sy qui oeuvre pour le maintien du lien social et l’amélioration des conditions des enfants en milieu hospitalier.

 

 

 

 

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