Pionniers du hip hop au Sénégal, Daara J Family est le groupe de référence « made in 221 ». L’un des membres, Faada Freddy a électrisé les ondes françaises en 2015 avec son premier album solo Gospel Journey. L’heure est donc aux retrouvailles avec ses publics aux quatre coins du monde.
Rencontre.
Daara J Family © Siaka S. Traoré
Daara J Family c’est avant tout une énergie hors pair sur scène, des textes qui décrivent le quotidien des jeunes au Sénégal, et résonnent dans le monde entier. Mais pas seulement! Les deux amis d’enfance veulent aller plus loin et utiliser la musique afin d’avoir un impact social: » Il ne s’agit pas seulement de divertir, l’éducation reste un enjeu important pour nous en associant le divertissement à l’éducation! La musique est « une arme de construction massive » , qui avec les paroles influencent les plus jeunes de manière pérenne. » rappelle Faada Freddy.
Pour cette tournée internationale qui s’achève en octobre 2018 et la préparation de leur nouvel album, NDongo D et Faada Freddy font attention à tout ce qu’il se passe autour d’eux et restent conscients des différents enjeux politiques, sociaux et économiques.
« C’est la continuité de ce qu’on a toujours fait depuis nos débuts dans les années 1990. L’Afrique est en train de se repositionner. Il y a toute une énergie foisonnante à travers des collaborations dans la diaspora, en France, en Europe ou encore aux Etats-Unis. Et une convergence vers les musiques actuelles africaines… Sur le plan musical, nous nous devons d’apporter une plus value par rapport à ce qui se fait aujourd’hui. » Affirme NDongo D.
Cependant, les deux acolytes restent ultra connectés avec la scène locale et soutiennent la jeune génération de rappeurs comme notamment Moulaye Wam ou encore Ophis… Et collaborent aussi avec de grands noms comme Youssou N’Dour. Ils parviennent également à inscrire Daara J dans une dimension globale par certes le travail, mais aussi la force des réseaux sociaux, ou encore la fidélisation de leur public.« Nous construisons l’album avec le public, au fur et à mesure. C’est à lui et lui seul que revient le choix des morceaux qui figureront sur le nouvel album. »
Kerry James, Youssoupha et Gaël Faye parmi tant d’autres. Les membres du groupe restent conscients d’être les gardes fous d’une identité avec des textes basés sur l’histoire de l’humanité. Un devoir de mémoire qui fait voyager le nom de Daara J Family à travers les générations, et en dehors des frontières du Sénégal. A l’instar du titre Bayi Yoon qui évoque les études du professeur Cheikh Anta Diop, et dont les paroles sont étudiées dans des universités américaines.
« Daara J est né d’un mouvement marginal qui était rejeté, jugé déraciné au départ. Puis, l’impact des langues africaines a eu son effet. Rapper en Wolof, en Français en Anglais nous permet à la fois d’être tout le monde, sans pour autant perdre nos racines. Les esprits doivent se décomplexer: le rêve africain existe bel et bien! Aujourd’hui, on peut constater l’influence grandissante des cultures africaines sur le reste du monde. L’Afrique n’a pas besoin des armes pour coloniser. C’est juste une « africanisation » qui se fait par le biais de la culture ou encore de la mode. »
Et Daara J Family dans 10, 20, 100 ans ?
Une vision toujours plus humaniste; le pari de fonder une école d’art, la réalisation d’un film en collaboration avec l’artiste Fatou Kande Senghor, la sortie du premier album solo de NDongo D, remettre sur pied le label Bois Sakré et enfin donner une chance à des artistes du monde entier… Ce qui permet au groupe de continuer à graver leurs récits sur les pages de l’Histoire universelle de la musique.
Propos recueillis par Virginie Ehonian
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