Si vous avez déjà visité la ville de Dakar, vous avez dû passer plusieurs fois, en voiture ou autre, devant le Monument de La Renaissance Africaine. Conçue par le sculpteur roumain Virgil Magherusan, le monument fait partie des grands projets de l’ex-président du Sénégal Abdoulaye Wade. Représentant une famille, dans un style emprunté aux monuments datant de l’époque de l’URSS, ces 52 mètres de cuivre et bronze surplombent la commune de Ouakam. Bien que confié à l’architecte Pierre Goudiaby Atepa, le projet monumental fera l’objet de vives polémiques après son inauguration en mars 2010, car trop cher, pas assez esthétique et surtout, une maîtrise d’oeuvre confiée au groupe nord-coréen Mansudae.
Le Monument de La Renaissance Africaine donne à s’interroger sur la nature des relations entre l’Asie et le continent africain. Un renouveau face aux relations historiques avec l’Europe et les Etats-Unis? Une nouvelle forme de colonisation?
De la Chine à l’Afrique, il n’y a qu’un pas…
« Chine Afrique »est une des nouvelles expositions du Centre Pompidou. Située au Niveau 4 du musée, dans l’espace prospectif, elle met en lumière les liens sino-africains.
« Plus il y a un battage médiatique autour de l’Afrique, plus j’ai envie de montrer autre chose. » me confiait Alicia Knock déjà en 2017!
Car la conservatrice a cette volonté de démontrer avec détermination, qu’il existe une histoire de l’art sur le continent africain comme partout ailleurs.
Photos, installations, vidéos… L’exposition s’ouvre tel un laboratoire artistique accessible à tous et qui explore les relations historiques, politiques et culturelles entre la Chine et le continent africain.
Ces mesures de coopération sino-africaines illustrent des enjeux politiques et une problématique de taille, conduisant à une nouvelle forme de colonisation selon certains, voire de domination « sud-sud » pour d’autres…
Focus sur les oeuvres
L’artiste franco-ivoirien François-Xavier Gbré qui s’intéresse aux relations historiques sino-africaines. Un de ses oeuvres La piscine (de Bamako) revient sur la piscine de Bamako construite en 1967 par l’URSS à l’occasion des premiers Jeux Africains, qui n’ont jamais eu lieu. Cette piscine a longtemps été laissée à l’abandon, jusqu’à atteindre un niveau de dégâts sanitaires considérables en tombant en ruine. La Chine s’est alors chargée de sa rénovation par la suite. Un court film réalisé en 2011, montre l’évolution de l’état de la piscine et contextualise les enjeux internationaux et politiques de cette infrastructure.

Avec Na China (2019), Marie Voignier suit les parcours de commerçantes venues du continent africain. Ces femmes d’origine camerounaise, ougandaise, rwandaise et nigériane, sont installées dans la ville de Canton. La vidéaste française livre un récit à plusieurs voix: des témoignages contemporains à la frontière du documentaires. C’est dans le cadre d’une résidence au Guangdong Times Museum à Guangzhou que Marie Voignier réalise Na China. Elle restitue les parcours de ces femmes, leur humanité face à la machine capitaliste du 21ème siècle.

L’artiste angolais Kiluanji Kia Henda confronte les idéaux coloniaux et la réalité contemporaine. Son film « Havemos de Voltar (We Shall Return) » met en scène une fausse antilope, qui guide le spectateur à travers les méandres de la mémoire collective.

Les oeuvres d’artistes de différents horizons chinois, issus du continent africain et européens, entrent dans un dialogue artistique qui trouve une cohérence dans l’universalité.
EN +
Exposition « Chine Afrique », niveau 4 – Galerie 0
En raison de la crise sanitaire, l’exposition n’est plus présentée.
Centre Pompidou
Place Georges Pompidou
75004 Paris
https://www.centrepompidou.fr/
Interview de l’artiste Maris Voignier
https://kadist.org/program/interview-with-marie-voignier/