
Le 49 Nord Est Frac Lorraine accueille jusqu’au 14 août 2022 l’exposition de l’artiste irako-américain Michael Rakowitz (1973, New-York, Etats-Unis) intitulée « Réapparitions ».
Rakowitz reconstruit, reconstitue, recrée des objets du Musée National d’Archéologie de Bagdad, qui ont été pillés durant la guerre en Irak au début des années 2000.
L’artiste questionne ces éléments disparus voire détruits du patrimoine irakien, à cause d’une guerre menée par l’une des plus grandes puissances mondiales, à savoir les Etats-Unis.
Le visiteur déambule entre ces reconstructions fantômes qui envient l’âme des originales. Il découvre des reproductions qui lui révèlent des bribes de l’Histoire avec une humilité criante. Entre la pièce dédiée au Lamassu – figure fantastique de Mésopotamie ancienne -ou les sceaux cylindriques – énormément pillés en raison de leurs petites dimensions – le jeu d’échelles des reproductions flirte avec la réalité des institutions.
Le sentiment de découvrir de véritables pièces historiques du patrimoine irakien semble bien réel.


« Patrimoines en danger »
« En 2015, alors que je suis en entretien pour un stage à l’ICOM France – International Council of Museums – l’échange avec la responsable s’interrompt brusquement. En effet, les forces armées de l’Etat Islamique gagnent du terrain et les bombardements détruisent le patrimoine irakien. »
L’année 2019 marque une prise de conscience sur la question de la restitution des œuvres ainsi que l’ambivalence entre collections publiques et propriétés privées.
Ce sont également l’existence et l’essence même d’une collection qui sont par ailleurs interrogées.
Ces collections sont-elles essentielles à la société ? Favorisent-elles l’écriture d’une histoire commune? La création d’un espace d’échange, d’un « Vivre Ensemble »
(…) « il est important de reconsidérer la place des oeuvres dans le système global de l’économie, symbolique ou matérielle, qui régit la société contemporaine; pour nous, au-delà de son caractère marchand ou de sa valeur sémantique, l’oeuvre d’art représente un interstice social. » (1)
Les réflexions menées sur la collection par Michael Rakowitz s’entremêlent. L’Histoire, le patrimoine, les traditions, l’actualité, la géopolitique, l’intimité familiale se bousculent et se conjuguent pour créer un nouvel espace temps. Fiction ou réalité?
N’est-ce pas à cet endroit précis que réside le pouvoir de l’art contemporain?
Est-ce que refaire permet-il de guérir? Est-ce « reproduire » permet-il de réparer ? De reconstruire?Ainsi, le musée devient ici un lieu de réparation avec des oeuvres d’art, des interstices sociaux d’un nouveau genre. Les oeuvres de Michael Rakowitz deviennent un centre névralgique où les émotions prennent le dessus sur l’oeuvre.
Est-ce que refaire permet-il de guérir? Est-ce « reproduire » permet-il de réparer ? De reconstruire?
A travers cette exposition de l’artiste irako-americain, cette grille de lecture avec actualité et la restitution des oeuvres du continent africain
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Michael Rakowitz
Né en 1973 à New-York (Etats-Unis). Il vit et travaille à Chicago (Etats-Unis)
http://www.michaelrakowitz.com/
(1) extrait Nicolas Bourriaud, L’esthétique relationnelle, Editions Les presses du réel, 1998, p.13