En 1906 Picasso tombe en arrêt devant les masques baoulés du musée du Trocadéro et enclenche ce qu’Emmanuel Berl nommera » la révolution nègre ». Les surréalistes, de Tristan Tzara à André Breton, de même que nombre d’artistes importants élevaient la sensibilité noire comme un modèle indépassable. Il admirait le » geste primitif », libéré de toute entrave culturelle, de toute référence, un geste qui n’avait pas encore été perverti par les codes sociaux et l’hypocrisie bourgeoise. (…) Quelques années plus tard, les surréalistes imprimeront des affichages pour dénoncer l’Exposition coloniale.
Simon Njami – Allons enfants! – Catalogue de la Triennale de Paris 2012 , pp. 88-89
Vue de l’exposition Le Surréalisme et l’objet, au Centre Pompidou, jusqu’au 3 mars 2014
En +:
africanlinks.net 
A reblogué ceci sur runglaz.
[…] Surréalisme ethnographique […]
« Il admirait le » geste primitif », libéré de toute entrave culturelle, de toute référence, un geste qui n’avait pas encore été perverti par les codes sociaux et l’hypocrisie bourgeoise. »
Tout ceci est donc basé sur un paternalisme caractéristique des occidentaux. Libéré de toute entrave culturelle? Les africains avaient une culture lorsque les blancs se dévoraient les uns les autres ou se vendaient mutuellement. Toutefois je suis d’accord pour dire que l’hyprocrisie bourgeoise perverti!
Je dirai que toute cette admiration pour les artefacts africains de la part des artistes européens est basée sur une fascination sans limite pour une culture extra-européenne méconnue. Or, cette fascination de la part des artistes diverge considérablement de celle des scientifiques et autres autorités politiques. A différents degrés, cette fascination laisse place à un retournement de situation pour justifier un racisme politisé et institutionnel. Les masques ouest-africains sont des objets de civilisation qui justifient d’une grande prouesse technique. Ils sont produits par des Noirs, pour des Noirs, dans un but traditionnel et/ou initiatique. A ce moment là, le Noir, réduit en esclavage, exhibé dans les zoos humains est un être humain qui possède des qualités techniques et un génie créatif, et ce au même titre que les grands maîtres européens de la peinture . Difficile de le reconnaître au début du 20ème siècle pour certains, avant que ces objets ne soient « pervertis par les codes sociaux et l’hypocrisie bourgeoise »…
En + : un documentaire très intéressant! Alain Resnais & Chris Marker – « Les Statues Meurent Aussi « (1953)(https://www.youtube.com/watch?v=hzFeuiZKHcg)